5 – Armistice : place au SLOWDEV
Cet été, ACDE Conseil publie une série d’articles éditoriaux sur les projets dans le monde numérique, à raison d’un chaque quinzaine.
Volontairement engagés, pas toujours politiquement corrects, ces articles ont vocation à faire réagir le lecteur et à nous faire prendre un peu de recul pendant cette période de congés.
Aussi, n’hésitez pas à débattre, à réagir, à nous faire part de votre expérience, à nous contredire. La courtoisie reste de mise, aussi tout article n’en respectant pas les règles de bases sera irrémédiablement recyclé.
Bel été, bonnes lectures !
Vincent
1 – Un conflit séculaire (1er juillet 2019)
2 – Les codeurs au pouvoir (15 juillet 2019)
3 – Une démarche anxiogène inspirée des jeux vidéo (29 juillet 2019)
4 – Une efficacité économique contestable (12 août 2019)
5 – Armistice : place au SLOWDEV
Si on n’y prend pas garde, l’agilité, poussée à son extrême, pourrait donc paradoxalement devenir facteur d’inertie, que le sens de la survie l’emportera sur celui du client et que l’espoir d’un progrès deviendra régression. Aussi est-il grand temps de modérer cette tendance à l’agilité frénétique, avant que le système s’emballe, entre en fibrillation pour finalement se disperser (façon puzzle).
Cela passera par l’avènement d’une nouvelle mode qui, à l’instar des mouvements de Slow food (écogastronomie) ou de Cittàslow (Cités du bien vivre), prônera le « SlowDev ». Avec le SlowDev, finies les dizaines de mises à jour quotidiennes, oubliée la frustration du réapprentissage permanent et improductif : une à trois versions par an, pensées avec les utilisateurs, compatibles avec les précédentes, plus rapides, fonctionnellement plus riches, testées, documentées, avec des petits correctifs au fil de l’eau, peu chères à déployer et sécurisées grâce au cloud, auxquelles on se forme entre collègues, ce qui permet de discuter du métier, de prendre un peu de recul, de déstresser …
Réconciliation
Comment réconcilier la communauté des développeurs et celle des utilisateurs autour de quelques pratiques claires et partagées ?
S’imposent alors les six principes consensuels du SlowDev(r) :
- Une organisation « orientée produits » est celle qui répond le mieux aux fluctuations du marché et aux exigences de pérennité à long terme de l’entreprise ;
- Le bien-être social des individus est un préalable à la performance collective ;
- Les parties prenantes coopèrent avec bienveillance dans leur intérêt mutuel ;
- Un certain degré de stabilité dans le temps est indissociable de l’efficacité du système ;
- Une approche bien cadencée par étapes et par lots assure la tenue des objectifs à moindres risques ;
- Les équipes sont libres de leurs choix tactiques dans le cadre des normes et standards en vigueur et dans le souci impératif de la maintenabilité à long terme des produits.
Une démarche rigoureuse et apaisée
Ces principes peuvent être mis en œuvre via une démarche projets accessible à la terminologie apaisante :
- Des entités produits/économiques (Product / Business Unit) pleinement responsables et largement autonomes, élaborées de façon participative aux termes d’une démarche de construction stratégique (strategic building) ;
- Des feuilles de route (roadmaps) régulièrement actualisées (tous les 3 à 6 mois selon le secteur économique) assurant un cadrage permanent des projets, préservant la cohérence et la maintenabilité des produits à moyen/long terme ;
- Des bénéfices attendus (expected benefits), motivant tout projet ;
- Des situations vécues (experienced situations) décrivant les métiers et les attentes des utilisateurs ;
- Des produits (products) :
- Concrétisant la réalisation des feuilles de routes sous l’autorité de chefs de produits(product managers/owners) ;
- Répondant à chaque situation vécue par un ensemble de fonctions opérationnelles (opertating function) ;
- Des séquences productives (productive sequences)
- D’une durée de quelques semaines ;
- Matérialisant chaque évolution notoire du produit ;
- Réalisant un ensemble de fonctions opérationnelles répondant à un nombre petit et cohérent de situations vécues ;
- Selon arbitrage par le chef de produit ;
- Sous la houlette d’un Responsable de Production (production manager).
- Des instances multipartites (multi-disciplinary stakeholders) rassemblant régulièrement l’ensemble des parties prenantes autour des travaux effectués, de ceux à lancer, des priorités à tenir, des difficultés à résoudre, des comportements à favoriser et des méthodes de travail à privilégier.
J’aimerais que ces quelques principes contribuent à réconcilier ces deux communautés, celle des utilisateurs et celle des développeurs et qu’en particulier, leurs managers coopèrent en bonne harmonie au lieu de passer trop de temps en des guerres picrocholines.
« On a dark desert highway, cool wind in my hair… »
A suivre…